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Les super aliments qui détruisent l’environnement

Dernière mise à jour : 13 déc. 2022



Il me semble important de rappeler qu’un aliment sain ou vegan n’est pas nécessairement bon pour la planète et encore moins indispensable. C’est pourquoi, à travers une démarche de respect de son corps mais aussi de l’environnement, il faut parfois questionner ce nouveau mode de consommation visant à toujours chercher l’aliment « le plus sain », le « plus riche » ou le « plus nutritif ».


On ne compte plus le nombre d’articles listant les superaliments : les plus riche en protéines, en fibres, en fer, en oméga 3 et j’en passe. Avec la mondialisation, l’ensemble des aliments du monde sont comparés les uns aux autres, indépendamment de leur origine ou moyens de production, mais seulement à travers les lunettes de la « diététique ».


Il est essentiel de se préoccuper de sa santé, et cela passe en grande partie par l’alimentation. Cependant, il est tout à fait possible de mener un mode de vie sain avec des aliments locaux et simples. Comme toujours, c’est une question d’équilibre et de variété.


Demande importante = désastre environnemental ?

Avant tout, ce qu’il est important de comprendre c’est que ce n’est pas l’aliment en soi qui est néfaste, mais nos méthodes de production abusives.

Une demande élevée pousse les producteurs à l’agriculture intensive et la monoculture. Cette dernière consiste à planter une même culture sur d’énormes surfaces. Les champs sont alors affaiblis par la faible biodiversité qui peut y vivre et nécessitent d’importantes quantités de pesticides et/ou fertilisant pour maintenir une production raisonnable. Ces produits chimiques, en plus d’être mauvais pour la santé des producteurs, des habitants aux alentours et des consommateurs, sont véhiculé dans l’air et ruissellent dans les eaux, s’infiltrent dans les sols et les nappes phréatiques.


Ainsi, la pollution ne se limite pas au champs lui-même mais à toute la zone alentour – dans laquelle la biodiversité est attaquée. De plus, les sols sont appauvris en nutriments : en effet, une plante aura besoin d’une « assiette » de nutriment particulière, différente d’une autre culture. Sa décomposition sur le sol, si on le lui permet, rendra à la nature encore d’autres nutriments.

Il apparaît qu’une monoculture (qui n’utilise pas de telles pratiques) épuise le sol d’un type de nutriment, tandis que les autres restent en excès. La monoculture n’est donc possible qu’à court terme, et impose rapidement – lorsque le champs est épuisé – de raser des forêts pour découvrir un nouveau sol riche en nutriments. Ainsi, la forte demande que nous maintenons sur les super aliments mène presque systématiquement à la monoculture et ses impacts néfastes, pour que la production réponde à la demande grandissante.


L’avocat : riche en oméga 3 mais aussi de vitamines C, B, et surtout la vitamine E antioxydante.


30% des avocats sont produits au Mexique, premier producteur mondial. A travers l’engouement naissant des occidentaux pour cet aliment au gout et à la texture moelleuse, les producteurs ont vu une opportunité financière sans précédent. Rapidement, ils ont financé diverses études pour promouvoir l’avocat et ses qualités nutritionnelles.


Résultat : Les Français sont ceux qui mangent le plus d’avocats en Europe, deux et demi fois plus que la moyenne européenne. En 2016, c’était environ 110 000 tonnes, une demande qui continue à croitre. Peu à peu, ils ont rendu l’avocat irremplaçable et indispensable à une bonne santé. On le trouve maintenant très facilement, toute l’année, dans n’importe quelle grande surface, comme s’il n’avait fait que quelques kilomètres pour arriver jusqu’à nos étals. Mais l’avocat vient de loin : tantôt du Mexique, d’Amérique du Sud ou encore d’Afrique du Sud, il parcourt des milliers de kilomètres (par bateau) dans des containers réfrigérés pour garantir sa fraicheur, et emballé dans du plastique pour éviter les coups et traces noires sur le fruit.


Une enquête révèle qu’au Mexique, plus de 150 000 hectares de forêt ont été rasés pour l’avocat, dont des forêts de pins endémiques. Une fois la place faite, il faudra 1000 litres d’eau pour faire pousser deux avocats et demi. 1 000 litres. Dans des régions ou l’eau se fait déjà rare. Les cultures dépendent ensuite d’une utilisation massive de pesticides et insecticides. Autrement un ver attaque le fruit : le trips. Dans un reportage, le producteur révèle fièrement qu’il mélange plus de 10 produits chimiques pour assurer la production de ses champs. Les agriculteurs, obligés de porter des masques, sont conscient du danger de ces produits. Mais les enfants, au système plus sensible, naissent mal formés ou tombent gravement malades. Tous ces produits sont autorisés par les autorités mexicaines, mais certains sont interdits en France voire en Europe pour leur toxicité. En moyenne dans le monde, il faut 180 litres d'eau pour faire pousser un kilo de tomates et 130 pour un kilo de salade. Pour un kilo d'avocats, il en faut... 1.000 litres.


Mais personne n’en parle, car l’avocat est la principale activité économique de la région. Un miracle économique, créateur d’emplois et de revenus mais surtout destructeur de l’environnement et des populations locales…

Le cas de l’avocat souligne le fait que les lois ne sont pas toujours respectées quand il s’agit d’agriculture à l’étranger : les contrôles ne sont pas assez fréquents ou rigoureux et sont trop souvent influencés par les cartels ou pots de vin. Ensuite, les exigences ne sont pas les mêmes selon les pays. Certains produits chimiques sont interdits en France mais nous autorisons l’importation de fruits et légumes qui en ont été aspergés. Pourquoi cette dissonance ? Ce refus de voir la vérité en face ? Pour casser les prix, car nous ne sommes pas prêts à payer pour un peu plus de respect, à l’autre bout du monde ? En plus d’entretenir l’illusion de l’avocat « propre », on fait de la concurrence (déloyale) à la production Française : saviez-vous qu’il existe des avocats de Corse, qui arrivent chez nous en 2 jours de voyage et sont cultivés sous le respect des lois françaises.


En bref, l’avocat est un miroir de la gourmandise occidentale, aveugle des conséquences que ses achats entrainent à l’autre bout du monde.


Ici j’aborde les conséquences de l’avocat, mais le sujet est aussi sensible pour d’autres super aliments comme les amandes, la noix de coco, noix de cajou, quinoa, soja, les baies de goji, éclats de fève de cacao, graines de chia, datte, grenade, myrtilles… Un aliment bon pour la santé ne l’est pas toujours pour la planète. Et dans bon pour la santé, connaissons-nous vraiment les traitements utilisés dans la production de l’aliment à l’autre bout de la planète ?


Ail, oignon, chou, radis noir, carotte, épinards mais aussi noix, noisette, châtaignes, mûres, framboise, myrtilles, graines germées, les huiles… nous avons des dizaines de bombes de nutriments qui poussent sur nos terres locales depuis bien des générations.


D’ailleurs « nos terres » : ne devrions-nous pas choisir les cultures et élevages en fonction du besoin des populations, de ce qui est nourrissant pour l’humain ? Nous pouvons changer de modèle si « nous ouvrons notre esprit » à quelque chose de plus grand qu’une croissance économique sans limite :

N’est-il pas aberrant de produire plus de lait que les besoins du pays et de voir les surplus jetés afin d’éviter de voir les cours de vente baisser ?

N’est-il pas aberrant de faire pousser du maïs, qui épuise les sols, nécessite beaucoup de produits phytosanitaires et de voir ces pratiques subventionnées par l’état ?

N’est-il pas aberrant que le principal mode de culture soit dépendant des énergies fossiles ?

N’est-il pas aberrant que les élevages intensifs de porc dévastent les écosystèmes alentours ? la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines par les nitrates et l’ammonium ; l’eutrophisation (croissance excessive des algues dans les écosystèmes aquatiques) causée par les rejets d’azote et de phosphore ; l’acidification causée principalement par les émissions d’ammoniac ; la pollution de l’air, due en particulier à l’ammoniac et au protoxyde d’azote ; les émissions de gaz à effet de serre (GES).

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